Dans le nuage de Frank Gehry : la Fondation Louis Vuitton

VYSUAL MAG
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4 min readJan 28, 2015

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by Nolwenn Montagny

Cette semaine, mes chaussettes m’ont amené visiter la Fondation Louis Vuitton, le nouveau centre d’exposition contemporain de Paris. C’est le grand architecte Frank Gehry (prix Pritzker en 1989, l’équivalent du prix Nobel pour les architectes) qui a dessiné ce nuage sur le coté du jardin d’acclimatation. Commandé par Bernard Arnault (président du groupe LVMH) en 2001 et inauguré en décembre 2014, le vaisseau, l’iceberg, le navire, le nuage de verre blanc flotte à la lisière du bois de Boulogne.

Toutes ces images sont celles qui ont inspiré et nourri Franck Gehry. Comme il a pu le dire, « il est plus facile de construire en plein milieu de la ville avec tous les immeubles affreux qui vous entourent, car vous avez une excuse pour être mauvais. Alors que dans le bois de Boulogne, vous devez être bon». Et c’est ce qu’il a essayé de faire.

croquis

11000 mètres carrés au total dont 7000 sont accessibles au public. Les galeries d’exposition ne sont effectivement pas très grandes et certaines ont des ouvertures uniques pour permettre de regarder des œuvres à la lumière naturelle et ainsi accueillir des sculptures ou des installations de différentes tailles.

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© Martin Le Carboulec

Aucun mur n’est droit, aucun ne créé d’angle droit. Les lieux de circulation, comme les couloirs ou les escaliers, sont vitrés et nous laissent apercevoir le jardin d’acclimatation à travers les immenses voiles et leur structure. Chaque marche d’escalier est unique. Chaque plaque de verre, qui sert de garde corps, a une courbure particulière. Les détails de ce bâtiment sont vraiment très maîtrisés, rien n’est standardisé.

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© Martin Le Carboulec

En ce moment, l’artiste Olafur Eliasson propose une expérience multi sensorielle complexe remettant en cause notre perception visuelle. L’exposition se situe au sous-sol, dans une oscillation d’ombre et de lumière, de présence et d’absence, d’affirmation et de doute, à travers des miroirs et différentes bulles d’eau. La commande artistique est spécialement conçue pour l’architecture du bâtiment.

Après avoir arpenté les couloirs, les différentes galeries d’expositions, j’ai découvert les voiles de verre sur les terrasses, qui font beaucoup parler d’elles. D’après Frank Gehry, elles ne servent pas à rien, elles servent de dialogue entre la nature et l’histoire du jardin. Elles servent à habiller un bâtiment qui accueille des œuvres d’art dans des boîtes.

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© Martin Le Carboulec

La structure est incroyable et vraiment très présente, on se demande vraiment si elle ne va pas tomber, emportant le bâtiment. Les courbures du verre sont toutes uniques, des millions de mesures ont permis de calibrer chacune des pièces de la structure porteuse. Les panneaux sont posés sur une grille en acier inoxydable, elle-même soutenue par une structure de bois et d’acier.

C’est massif et impressionnant, la légèreté d’un nuage n’est plus vraiment là.

La façade de l’Iceberg possède des surfaces convexes et concaves revêtues de panneaux de béton blanc. Ce sont des panneaux de Ductal, du béton fibré présentant des qualités de résistance mécanique exceptionnelles. Chaque panneau présente une courbure particulière liée à son emplacement et au plan concerné. Il y en a 19 072, tous différents, montés au fur et à mesure de leur livraison sur le chantier.

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© Martin Le Carboulec

Sur les terrasses, la vue sur la Défense pourrait être extraordinaire mais une immense voile ne nous permet pas de voir entièrement ce quartier d’affaires. C’est frustrant.

Ce navire pourrait se trouver n’importe où. Même sur l’affiche publicitaire qui le présente, le bâtiment vole au dessus du désert et ainsi prouve qu’il est pensé hors de son environnement.

Mais pour l’heure c’est tout de même une prouesse architecturale qui élargit encore le dictionnaire des architectes et des ingénieurs.

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© Martin Le Carboulec

La fondation en chiffres

La maquette de conception :

60 personnes/1500 fichiers numériques

La maquette d’exécution :

300 personnes/190 000 fichiers numériques

Voiles de verre :

12 voiles de verres/13 500 mètres carrés/3600 panneaux sur mesure/179 poteaux soutiennent les voiles/400 connexions entre les poutres de bois et d’acier

Le bâtiment :

90000 mètres carrés / 1700 coques d’aluminium / 19 072 panneaux de béton blanc

Espaces d’exposition :

11 galeries / 1000 places pour l’auditorium / 11 000 mètres carrés / 7000 mètres carrés accessible au public

Façades vitrées :

46 ouvrages / 40 mètres d’un seul tenant / 1800 nœuds d’assemblage / 2850 vitrages / 200 000 pièces en tout

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