Le gif artistique, (re)revue d’une tendance
Plus qu’un simple épiphénomène, le GIF artistique prend de plus en plus de place dans le paysage créatif. Nous n’en sommes pas encore à parler de discipline artistique à part entière, mais l’approche qu’il autorise, à mi-chemin entre la photo et la vidéo, n’a pas d’égal.
Il y a quelques mois, j’avais abordé dans cet article la renaissance du GIF et les différentes catégories que l’on pouvait désormais y trouver. De l’utile au divertissant, en passant par le beau.
Aujourd’hui, je souhaite aller un peu plus loin en détaillant les ressources artistiques du genre, où comment l’artiste utilise le GIF pour exprimer son talent, ses idées. Pour ce faire, j’ai souhaité me baser sur les travaux de spécialistes du genre.
Julien Douvier, est plutôt un adepte du réalisme photographique, peu ou pas d’artifices sur ses travaux. Comme nous le montre sa série dédiée aux escalators, le GIF apporte un degré de réalisme inédit à la photographie, nous immergeant un peu plus dans l’image que souhaite nous montrer l’artiste.
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A.L. Crego offre une dimension un plus abstraite et poétique à ses GIFs. En effet, celui-ci s’intéresse particulièrement à la duplication, processus qui symbolise pour moi la volonté de mettre en avant l’uniformisation des comportements humains. Il met ainsi en scène une sorte de boucle éternelle qui condamne le protagoniste à répéter et répéter encore les mêmes choix, les mêmes gestes.
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Romain Laurent, dont j’avais déjà mentionné le travail dans mon précédent article traitant du sujet, se distingue par des GIFs à mi-chemin entre rêve et réalité. À partir de la photographie d’une situation réelle, l’artiste met en place une boucle qui déforme cette réalité pour en créer une autre à son image. Plutôt poétique et divertissante il faut le dire.
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Micaël Reynaud, quant à lui, s’exprime de manière particulièrement intéressante en jouant sur deux aspects : d’une part la vitesse de ses GIFs, d’autre par la déformation des formes. Mais aussi parfois les deux en même temps, quand la déformation des images donne une impression de vitesse au GIF. Urbain ou naturel, humain ou artificiel, les sources d’inspiration de Micaël Reynaud semblent vraiment variées.
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INSA initie le GIF-ITI, rencontre du “online” et du “offline” ou quand internet anime le graffiti. Outre la révolution esthétique que cela implique, son idée remet en cause la finalité d’une oeuvre de street-art. Et si finalement les œuvres des graffeurs perdaient leur caractère éphémère ? Effectivement ici on ne parle pas d’un projet de street-art qui aurait été animé a posteriori, mais bien d’une oeuvre pensée en tant que fresque animée, la bombe de peinture et le clavier s’associent ici pour créer.
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Markus Magnusson se différencie complètement des approches photographiques des artistes précédemment cités. En effet, ce dernier serait plutôt un illustrateur, graphiste ou designer qui utilise le GIF pour raconter une petite histoire, avec pour principal objectif de divertir. Dans un style très “infographique”, Jan Cantor met en scène des objets, et des situations très diverses.
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David Dope quant à lui, s’épanouit dans un style composé de formes abstraites, tantôt explosif, tantôt plus enrobé, mais toujours très géométrique. Au delà de la performance artistique, le travail de David Dope est avant tout technique. Les thèmes abordés sont plutôt tournés vers des concepts universels comme la liberté, la diversité… un travail parfois hypnotisant.
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Nous terminerons notre tour d’horizon avec Paolo Ceric, qui lui aussi préfère les formes aux hommes pour s’exprimer. Dans une esthétique très mathématique, il joue des connexions entre les figures pour livrer plusieurs interprétations visuelles.
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Cette étendue extrêmement variée d’artistes travaillant avec le GIF artistique nous démontre à quel point c’est une discipline en devenir.
Le GIF, nouvelle tendance de la photographie ? Plutôt une photographie “augmentée”, tant les possibilités et les réflexes créatifs sont différents, mais il ne fait aucun doute que le GIF artistique est un terrain de jeu et d’expérimentation idéal pour créer des séquences surprenantes, poétiques ou même abstraites. Le GIF se révèle également être un format extrêmement efficace pour les marques. Il s’anime tout seul, il est léger, autonome et très simple à manipuler. Ainsi, de nombreuses entreprises en usent pour promouvoir leurs produits (je vous renvoie à mon précédent article pour en savoir plus).
Preuve que le GIF artistique se voit jouir d’une reconnaissance croissante, en février 2014, la Saatchi Gallery à Londres, lançait en partenariat avec Google +, le prix de la “Motion Photography”, un concours ouvert aux créations au format GIF. (les lauréats)
Apparaissent aussi des galeries virtuelles, qui exposent le GIF comme on pourrait le faire avec un tableau. GIF MARKET et ani-gif font figure de pionniers. Le premier proposant même l’achat d’une oeuvre virtuelle.
C’est une avancée importante, car il est clair que monétiser une oeuvre virtuelle est une sorte de première étape vers la reconnaissance unanime du GIF en tant qu’art à part entière.
