Rencontre avec Audrey Piguet

Adrien Cresci
VYSUAL MAG
Published in
17 min readMar 20, 2015

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Dans ce nouveau numéro de notre série “Rencontre avec…” nous vous proposons de partir à la découverte de la photographe Audrey Piguet. Vous aviez pu la découvrir avec sa série “La chute du héros”, mettant en scène des super-héros déchus, rattrapés par les réalités humaines. Cette fois-ci, nous nous intéressons à son projet “Funeral” et à la personnalité qu’elle laisse entrevoir à travers ses photographies. Audrey a eu la gentillesse de nous en dire plus sur son travail et de se livrer sur son parcours.

VYSUAL Mag : Bonjour Audrey, peux-tu te présenter en quelques mots pour nos lecteurs ?

Audrey Piguet : Bonjour! Je m’appelle Audrey Piguet, j’ai 25 ans et je suis photographe. Je vis et travaille en Suisse, près de Lausanne. J’ai fait ma formation à l’école de photographie de Vevey, le CEPV. Depuis 2012, j’ai monté ma propre entreprise et je travaille en tant que photographe freelance.

L’imaginaire a une place centrale dans mon travail : j’aime m’emparer de la réalité pour ensuite la modifier, la modeler, afin d’en proposer une version plus onirique. Grâce à la photographie mais aussi grâce au travail de retouches, je crée des personnages parfois étranges évoluant dans des univers fantastiques. Je suis une passionnée de la création, c’est pour cela que je réalise aussi les maquillages, coiffures et tenues qui composent mes images. Je peux ainsi concevoir une de mes photographies dans son intégralité!

VYSUAL Mag : Avec “Funeral”, tu nous proposes des clichés très esthétiques et très travaillés, est-ce que tu as une idée précise de ce que tu veux faire au moment où le shooting commence ou est-ce que le résultat prend forme au fur et à mesure ?

Audrey Piguet : Au moment du shooting, j’ai toujours une idée exacte de ce que je souhaite faire. L’image finale est très claire dans ma tête et je sais ce que je dois faire. Cette manière de fonctionner me permet de ne pas me disperser lorsque je travaille et de me focaliser sur les différents aspects de la photographie qui à mes yeux sont primordiaux : la lumière, les détails, la technique, l’attitude du modèle… Je n’aime pas beaucoup l’improvisation; j’aime les choses carrées et rigoureuses, et cela même dans ma vie de tous les jours! C’est un de mes traits de caractère qui je pense s’allie bien avec le métier que je fais, car ce dernier demande de la précision et une certaine maîtrise technique pour obtenir un résultat intéressant.

interview audrey piguet vysual expo

VYSUAL Mag : Quel est donc le processus créatif qui se cache derrière chaque photo ?

Audrey Piguet : J’imagine d’abord le personnage que je souhaite créer, puis je fais un croquis pour me permettre de visualiser concrètement tous les éléments qui composeront mon image. Cette étape me permet de décider quels attributs (accessoires, vêtements, coiffure) va porter mon modèle, et de mieux me rendre compte de ce qui peut fonctionner ou pas. Ensuite je m’attèle à la création des accessoires, des vêtements, des postiches etc… C’est une des étapes qui me prend d’ailleurs le plus de temps ! Ensuite il y a le shooting avec tout le travail de maquillage, de mise en lumière, de composition. Puis celui des retouches où je passe de nombreuses heures devant mon ordinateur à finaliser mon image, à peaufiner les détails et ainsi donner vie aux créatures que j’imagine.

VM : On perçoit une esthétique très “haute couture” dans tes clichés, c’est voulu ?

AP : Il est vrai que je tente d’apporter une apparence très élégante à ces personnages. J’ai envie que chacun d’entre eux atteigne une sorte de perfection (subjective bien évidemment), que ce soit à travers leurs tenues, leurs coiffures. Je n’ai pas la prétention de dire que cela peut s’apparenter à de la haute couture, mais je pense qu’inconsciemment certaines influences m’inspirent pour composer ces images, que ce soit des créations de grands couturiers, mais aussi des tenues créées pour le cinéma par exemple. En découle alors naturellement cet aspect travaillé et raffiné que j’apprécie tant, mais qui a effectivement plus sa place dans le contexte d’un défilé ou d’une photo que dans la vie de tous les jours. J’imagine mal mes modèles porter ses tenues pour sortir dans la rue ou aller travailler, ce ne serait pas très pratique!

VM : Y-a-t-il une raison pour laquelle tu recours au noir et au blanc ?

AP : En fait il ne s’agit pas de noir/blanc. Certes les couleurs sont extrêmement désaturées, mais certaines teintes sont encore présentes. Je voulais que la chromatique de ces images se trouve sur une sorte de frontière fictive qui sépare la couleur du noir/blanc. Il m’a donc fallu trouver un équilibre pour ne pas basculer d’un côté ou de l’autre, de garder cette ambiguïté colorimétrique.

Je pense que ce choix apporte de la profondeur à mes images, bien plus qu’avec un noir et blanc total. Cela permet à mes personnages de garder quelques bribes de vie en eux, par exemple à travers leur peau qui est certes très claire, mais pas complètement blanche. C’est encore une fois cette volonté de jouer sur les frontières, les limites. Ils sont entre le vivant et le figé, entre des êtres humains et des statues. Et si l’on regarde plus loin, entre le mortel et l’immortel…

VM : Pourquoi avoir choisi un roi, une reine, un prince et une princesse après une jeune mariée pour ta série ?

AP : Quand j’ai réalisé ma « Funeral Bride » en 2011, je souhaitais simplement créer une photographie qui se rapprochait le plus possible de ma vision de l’esthétisme et d’une certaine perfection. J’ai donc imaginé cette image sans réfléchir au nom qu’elle porterait. Une fois celle-ci terminée, j’ai eu l’impression d’avoir en face de moi une sorte de mariée un peu étrange et extravagante, avec sa coiffe de plume dans les cheveux.

En 2012, j’ai décidé de créer une deuxième image qui deviendra ma « Funeral Queen ». C’est assez naturellement que m’est venu l’envie de construire une famille royale; cela correspondait à la direction que je voulais prendre avec cette série, en voulant la complexifier et la faire évoluer. J’ai voulu trouver une unité et un dénominateur commun entre tous les personnages que j’allais créer, autre que celui de l’aspect purement visuel.

Ma jeune mariée s’est donc retrouvée à être la seule à ne pas avoir de moitié, l’excluant quelque peu de cette famille. J’ai depuis rectifié cette situation, en créant tout dernièrement un « Funeral Groom » ; j’avais envie de revenir à quelque chose de plus « simple », de moins étincelant.

Cette série reste pour l’instant indéfiniment ouverte et c’est ce que j’aime particulièrement dans ce travail. Elle peut ainsi évoluer au même rythme que moi, suivre mes inspirations, mes influences, et par conséquent je peux la faire voyager où je le souhaite. Chaque année je reviens une à deux fois vers elle, et je lui apporte un nouveau membre, qui s’inspire de ceux déjà existant mais qui a sa propre histoire, sa propre identité.

interview audrey piguet vysual funeral queen

“Funeral Queen”

VM : Peux-tu analyser pour nous une des photos de cette série, nous dire à quoi tu as pensé en la réalisant ?

AP : Pour ma « Funeral Prince », mes inspirations viennent principalement de l’Empire Byzantin, avec certaines références comme les drapés de la tunique, la couronne de laurier revisitée et la fleur de Lys couramment utilisée durant cette période. Les épaulettes apportent la notion de guerrier ou plutôt de chef de guerre, même si celles-ci sont ornées de plusieurs joyaux. Le regard de ce personnage et caché par un ruban flottant autour de son visage, faisant directement référence aux différentes représentations allégoriques de la Justice. Ce prince est donc aussi un guerrier, dont le rôle et de protéger son peuple et de faire régner l’impartialité. Les chaînes et sangles présentent dans la tenue rappellent de manière métaphorique le poids de ses obligations et la notion d’enfermement qu’elles peuvent engendrer.

interview audrey piguet vysual funeral prince

“Funeral Prince”

VM : On note une vraie évolution entre tes premiers clichés et ceux d’aujourd’hui, il y a de plus en plus d’éléments, mais tu réussis à conserver un bel équilibre. Plusieurs questions me viennent à l’esprit. Qu’est-ce qui a changé techniquement dans ta façon de travailler ? Qu’est-ce qui a changé dans ta façon d’appréhender cette série ? Et vers quoi aimerais-tu tendre, techniquement et visuellement avec ces photos ?

AP : J’ai effectivement eu l’envie de complexifier mes images par un plus grand nombre d’éléments présents dans les tenues, par des attributs plus travaillés, comme la coiffe de ma princesse pour ne citer qu’un exemple. Pour moi c’est un challenge ; je rajoute à chaque fois plus de détails, mais je dois garder un même équilibre et conserver une unité dans toute la série. Je dois obtenir un rendu à priori simple (toujours même cadrage, même lumière, même posture) mais qui s’avère être plus compliqué qu’il n’y paraît.

D’un point de vue technique, j’essaie de pousser toujours plus loin ma démarche et d’utiliser au maximum la technique photographique ainsi que celle de retouches. Par exemple le bandeau qui flotte sur les yeux de mon « Funeral Prince » a été photographié séparément du reste, puis monté et modelé sur mon personnage à la postproduction.

La dernière image de ma série « Funeral Groom », créée il y a quelques semaines, est l’exemple le plus frappant: ce portrait est composé de 9 images différentes. J’ai photographié chaque petite partie de mon modèle, en partant du haut de son chapeau jusqu’au bas de son gilet, puis j’ai assemblé le tout ensemble. Cette technique m’a permis d’avoir un rendu d’une qualité incroyable et une grande finesse dans les détails ! Techniquement parlant, j’ai pu obtenir une image de 33MO de pixels avec un capteur de 22MO de pixels. En gardant une même résolution (300dpi), j’ai donc apporté 11MO de pixels supplémentaires grâce à cette technique. Mais cela n’est pas grand chose en comparaison à une des mes images de la série « Gabriel », qui atteint 98MO de pixels !

En résumé cette série me laisse une très grande liberté ; elle me permet d’explorer de nombreuses techniques différentes, tout en me laissant la possibilité de m’exprimer à travers l’aspect visuel de chacun de mes personnages.

interview audrey piguet vysual diptique funeral

“Funeral Groom” & “Funeral Bride”

VM : D’ailleurs, quel matériel utilises-tu ? Est-ce qu’il y en a des outils que tu apprécies plus particulièrement ?

AP : Je travaille uniquement en numérique, même si j’adore le rendu si particulier de l’argentique ; je n’ai malheureusement pas le temps ni le matériel pour cela. Pour l’instant je travaille avec le 5D MIII de Canon qui me convient parfaitement.

Sinon je travaille toujours avec de la lumière artificielle grâce à plusieurs têtes flash de la marque Elinchrom, ce qui me permet de créer de toute pièce l’ambiance de mon image et le type de rendu que je souhaite. Je possède de nombreux « soft-boxes » qui me permettent d’avoir un rendu doux et diffus, que j’alterne avec des nids d’abeille ou des bols beauté pour mieux modeler ma lumière.

Il m’arrive parfois de travailler en lumière mélangée lorsque je suis hors de mon studio, en capturant la lumière naturelle et en mettant l’accent sur certains éléments grâce aux flashs. Lorsque je suis en shooting, mon boitier est constamment relié à mon ordinateur, ce qui me permets de visualiser le résultat directement sur un écran et ainsi mieux observer les détails et les choses à corriger.

VM : J’ai lu que tu réalisais toi-même tenues, accessoires, coiffures et maquillages. Est-ce que tu trouves que la photographie te limite dans ce que tu veux exprimer ? Je veux dire que la plupart des photographes préfèrent capturer un instant de la réalité. Ce n’est pas ton cas, tu maîtrises chaque élément qui va composer ta photo et tu as un univers plutôt onirique, comme si tu ajoutais une couche sur la réalité pour nous montrer ton univers. Je me demande presque si finalement la photo n’est pas qu’une partie de ton travail, aussi important que celui qui est fait sur les tenues, les maquillages… puis en post-production. Je suis dans le vrai ?

AP : Il est vrai que photographier la réalité telle qu’elle est, sans intervenir sur elle, ne m’intéresse pas. Je suis quelqu’un qui aime avoir la possibilité de m’évader grâce à mon imaginaire, et c’est quelque chose que j’aime également faire à travers mes photographies. Et puis jouer sur la limite entre la réalité et l’imaginaire me fascine, c’est un aspect vraiment récurant dans mes images.

En ce qui concerne les autres choses que je crée, comme les tenues, maquillages etc., j’ai toujours aimé fabriquer des choses de mes propres mains, et cela depuis toute petite. C’est donc assez naturellement que m’est venue l’idée d’associer cela à la photographie. Cela me permet de créer de A à Z mon image et les différents éléments qui la compose, de faire que celle-ci me corresponde complètement. Mais je ne pense pas que la photographie me limite dans ce que je souhaite exprimer, je la vois plus comme une sorte de socle sur lequel serait disposés tous mes autres types de créations. Elle me permet de coller tous ses éléments entre eux mais surtout de leur donner un sens, de leur faire raconter une histoire.

interview audrey piguet vysual couture

VM : Des personnes t’accompagnent-elles, t’aident-elles à mener tes projets ?

AP : Quand je travaille je suis quelqu’un d’assez solitaire et j’aime m’enfermer dans mon monde lorsque je crée, ce qui exclu automatiquement les gens qui m’entourent. Mon compagnon Raphaël est la seule personne qui partage tout cela avec moi au quotidien. C’est quelqu’un de très patient et rigoureux, qui a su prendre le temps pour comprendre comment je fonctionne et qui a naturellement trouvé sa place à mes côtés lorsque je travaille.

Il m’assiste pour des shootings, il suit de près mes créations et a même posé pour moi plusieurs fois. Il participe également à mes expositions, à la promotion de mon travail. Mais le plus important est qu’il me soutienne constamment dans ce que je fais ; c’est une grande chance de l’avoir à mes côtés !

interview audrey piguet vysual raphael

VM : Quels sont justement tes projets à venir ?

AP : Pour l’instant j’ai quelques idées en tête, mais je me laisse le temps d’affiner tout cela et de trouver la direction exacte dans laquelle je veux aller. J’aimerai faire un travail autour du corps que l’on met en scène sous différentes formes, parfois extrêmes. Cette quasi-sacralisation du corps très présente à notre époque me parle beaucoup.

VM : Quel conseil pourrais-tu donner à un photographe qui souhaite percer ? Qui croit en son univers mais qui manque de visibilité.

AP : La photographie (mais aussi les autres formes d’Art) n’est pas un milieu dans lequel il est simple de se faire une place. Si je devais donner un conseil ce serait surtout de garder son propre style, d’alimenter son propre univers et d’essayer de le perfectionner. De faire quelque chose qui nous plaît et qui nous correspond, rester honnête avec soit même et sa façon d’appréhender les choses. Il ne faut surtout pas essayer de se calquer sur ce que d’autres font en espérant que cela sera la recette de la réussite!

Il faut également avoir de la patience, ne pas baisser les bras dès le premier échec, mais au contraire travailler encore plus dur. Être constant dans ce que l’on fait, et surtout respecter son travail à travers une présentation soignée sous quelques formes que ce soit (tirages, site web, dossier pour concours). Après je pense qu’il n’y a pas de recette magique, il faut laisser le temps faire les choses.

VM : Tu commences peu à peu à faire ton trou, tu as déjà exposé dans plusieurs galeries, comment cela a été rendu possible ? Qu’as-tu ressenti la première fois que tu as vu ton travail exposé ?

AP : J’ai réalisé ma toute première exposition en participant à un concours de jeunes talents en photographie, où j’ai gagné le deuxième prix quelques semaines seulement après la fin de ma formation de photographe. Ce fût un moment très intense, mélangeant stress et exaltation ! Le fait de voir ses images accrochées au mur, visibles aux yeux de tous, est quelque chose de très fort. J’avais réussi à apporter à mes images une nouvelle dimension, une nouvelle existence et j’en étais, je l’avoue, assez fière.

À partir de ce moment là tout s’est enchaîné assez vite, en rencontrant des gens, en ayant des articles dans la presse. J’ai eu la chance d’avoir de nombreuses propositions très intéressantes et qui correspondaient tout à fait à mon travail.

Sinon je reste attentive aux différents appels pour des festivals de photos, des concours, et si l’un de mes travaux correspond je n’hésite pas à le proposer.

interview audrey piguet vysual expo funeral

VM : Est-ce qu’aujourd’hui tu peux vivre de tes photographies ?

AP : Oui j’ai la chance de pouvoir vivre de mes photographies. J’ai monté ma propre entreprise quelques mois après avoir fini ma formation de photographe en 2012, et je travaille depuis en tant que photographe freelance. D’un côté j’ai mon travail artistique où je réalise des expositions et vends mes œuvres, et de l’autre j’ai mon travail commercial où je réalise des photographies pour la mode, la pub, la vente. Je navigue donc régulièrement entre l’artistique et le commercial, ce qui me permet de constamment me nourrir de nouvelles expériences et de faire évoluer mon travail.

VM : Si tu devais choisir ta photo préférée ?

AP : La question tant redoutée! Dur à dire… J’ai un regard extrêmement critique sur mon travail, en cherchant constamment les petits détails qui ne fonctionnent pas. Le plus compliqué pour moi est de revoir les images que j’ai réalisées il y a quelques années je crois. Dans ce sens là je dirais la photographie « Funeral Groom », car c’est la dernière image que j’ai réalisée. C’est celle qui se rapproche pour l’instant le plus de l’objectif que j’essaie d’atteindre; une composition au premier abord assez simple mais qui s’avère être relativement complexe quand on s’attarde sur les détails, une technique photographique poussée et un aspect esthétique qui actuellement me correspond bien.

Diptique interview audrey piguet vysual groom

“Funeral Groom”

VM : J’aime bien rêver, je suis sûr que toi aussi. Où te vois-tu dans 10 ans ?

AP : Honnêtement, j’ai de la peine à me projeter aussi loin. Beaucoup de choses se sont passées pour moi ces deux dernières années au niveau professionnel, et cela m’a fait prendre conscience que certaines choses ne peuvent ni être anticipées, ni être prévues. J’espère que j’aurai la chance de pouvoir faire voyager mes créations dans d’autres pays, de pouvoir partager mon travail et ma passion avec de nouvelles personnes. D’avoir l’opportunité de m’ouvrir à de nouveaux horizons, de nouvelles expériences.

Par contre une chose est certaine, c’est que dans 10 ans je ferai toujours le même métier !

VM : Tu te souviens de ta première fois avec un appareil photo ? Ou alors de ton déclic ? De la fois où tu t’es dit, c’est ça que je veux faire.

AP : Je dessinais beaucoup étant enfant, créant déjà des personnages et des mondes fantastiques. Pour moi il s’agissait d’un moyen de combler mon envie constante de créer, mais c’était aussi une manière de m’exprimer autre que par la parole. Autour de l’âge de 15 ans j’ai ressenti une envie d’aller voir plus loin que mes feuilles de papier et mes crayons. Je me suis alors intéressée de plus près à la photographie et aux différents artistes qui utilisaient ce médium pour s’exprimer. Je me suis alors rendu compte qu’il était possible de retranscrire des visions imaginaires en s’emparant de la réalité, grâce à la lumière, à la composition, aux retouches et à divers artifices. J’ai donc essayé de faire une première mise en scène grâce à petit compact numérique. Une, puis deux. Depuis, la photographie m’accompagne dans tous les jours de ma vie.

VM : C’est quoi le quotidien d’Audrey Piguet ?

AP : En général je me lève tôt et je me couche très tard. Je suis quelqu’un qui déteste être inactive, donc je trouve toujours quelque chose à faire pour m’occuper. Je passe mes journées dans mon studio ou devant mon ordinateur chez moi. Quand je ne travaille pas directement sur mes photos, je couds ou bricole pleins de petites choses. J’ai constamment de la musique en fond qui m’accompagne, elle m’aide à m’immerger dans ce que je suis entrain de créer et à faire le vide autour de moi.

Les rares moments où je ne travaille pas j’aime me poser au calme et me ressourcer près du lac Léman où j’habite, l’eau à un effet apaisant sur moi.

VM : On entend souvent que les artistes ont des plages horaires où les idées viennent plus facilement. Un certain rythme de création. As-tu des moments où tu es plus créative ?

AP : Je ne crois pas avoir pu observer une certaine constante ou un schéma qui engendrerait plus facilement un processus de création chez moi. Mes idées me viennent un peu sans prévenir, mais c’est aussi ce que je trouve fascinant, car c’est un des points que je ne peux pas contrôler et qui est totalement spontané.

Par contre une fois que l’idée est là, je ne m’arrête plus de travailler jusqu’à ce que cette dernière aboutisse en une création tangible et finale.

interview audrey piguet vysual post production

VM : Quelles sont tes sensibilités dans la photographie, les courants qui t’influencent ? Et en dehors ? Les autres domaines artistiques qui t’intéressent ?

AP : Dans domaine la photographie, se sont principalement les travaux de mise en scène qui retiennent mon attention, les images à l’aspect très cinématographique.

La peinture m’inspire également beaucoup, presque plus que la photographie je dois l’avouer. J’ai une grande admiration pour les peintres néoclassiques ; leur travail autour de la lumière, des textures et des compositions était incroyable ! Je peux en dire de même de la peinture flamande que j’apprécie beaucoup. Sinon il y a bien évidemment le cinéma, principalement les films fantastiques ou de SF. Souvent plus d’un point de vue esthétique que scénaristique (même si il y a des exceptions). Les univers et personnages imaginés, les effets spéciaux, les maquillages, il y a vraiment des choses incroyables qui se font dans ce domaine là ! Et puis tout ce qui gravite autour de la culture du « Body Art » m’intéresse également beaucoup, j’aime cette idée de s’approprier son propre corps, de l’appréhender comme une toile vierge et de le modeler, le modifier pour en faire quelque chose qui nous correspond totalement.

VM : Y-a-t-il un artiste que tu aimeras voir répondre à nos questions ?

AP : Je suis quelqu’un de très curieux et j’aime découvrir de nouvelles choses. Je dirais simplement un artiste qui est passionné par ce qu’il fait et qui a envie de partager son travail et son univers. Grâce à votre webzine j’ai découvert les créations d’artistes que je ne connaissais pas et que j’ai adoré !

VM : Si l’on souhaite voir tes photos en vrai, où pouvons-nous nous rendre ?

AP : Dans mes prochains évènements il y a le « 29ème Salon du livre et de la Presse » qui aura lieu à Genève, du 29 avril au 3 mai. On pourra y retrouver certaines des mes images exposées dans ce lieu, mais également mon livre « Dark Glow » sorti en fin d’année passée, aux Editions l’Âge d’Homme. Il est disponible dans toutes les librairies en Suisse mais on peut également le commander via le site des éditions : www.lagedhomme.com.

Sinon ma série « Funeral » sera exposée au Jardin de la Photographie à partir du 11 juillet, dans les hauts de Morges en Suisse.

interview audrey piguet vysual dark glow
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VM: Aimerais-tu ajouter quelque chose, un mot de la fin pour nos lecteurs ?

AP : Merci à VYSUAL et en particulier à Adrien pour cette interview! C’est toujours un plaisir de pouvoir découvrir de nouveaux artistes grâce à vous et je suis ravie de pouvoir figurer parmi eux!

Je remercie chaudement Audrey pour le temps qu’elle nous a accordé. N’hésitez pas à aller faire un tour sur son site internet pour vous tenir au courant de son actualité et pour découvrir ses nouvelles créations. Pour les coulisses des shootings, c’est sur son Youtube que ça se passe.

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