Rencontre avec Laurence Vallières

Pour entamer 2015 avec notre série “Rencontre avec…” nous sommes allés à la rencontre de Laurence Vallières. Cette artiste Québécoise a déjà à son actif un beau palmarès avec des expositions au Canada, aux États-Unis, en France, et en Allemagne. Son univers reconnaissable entre mille, l’originalité de la matière première, sans oublier le gigantisme de ses œuvres nous ont donné envie de vous faire découvrir ce profil créatif éclectique.

VYSU∆L Mag : Allo Laurence ! Pour commencer, est ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

Laurence Vallières : Je m’appelle Laurence Vallières et j’ai 28 ans. Je suis née à Québec. J’ai un Baccalauréat en Arts Visuels à l’université de Concordia. J’ai aussi étudié dans un programme d’échange à Los Angeles. Je vis maintenant à Montréal et je voyage beaucoup pour mon travail.

VM : Qu’est ce qui t’a amené à te lancer dans ton domaine ?

LV : Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours voulu être artiste. Dès ma graduation, je me suis mise au travail : J’ai loué un atelier, j’ai travaillé sans relâche dans tous mes temps libres pour produire un corps de travail significatif. J’aime créer des objets et avoir les mains sales. J’aime montrer mon travail, en discuter et expérimenter à la lumière de mes nouvelles recherches.

VM : Quels sont pour toi les objectifs/raisons de tes créations ?

LV : J’essaie d’exprimer mes idées, mes visions du monde. J’essaie de donner des sensations, de faire rire, bouleverser, impressionner… Je ne crois pas que je vais changer le monde et je n’ai pas la prétention d’être philosophe. Je m’amuse et je repousse les limites de ce que je peux créer avec mes matériaux.

VM : Et quels sont ils selon toi pour les autres créatifs de ton domaine ?

LV : Je ne sais pas ce qui motive les autres artistes. C’est personnel à chacun.

VM : Quelle est ta réalisation préférée ? Une analyse de celle-ci ?

LV : Mon œuvre préférée est la première œuvre en carton que j’ai fait. C’était une expérimentation complète. Je n’avais aucune idée dans quoi je m’embarquais. À ce moment là, j’ai créé l’œuvre avec Jess Lau une de mes meilleures amies. Nous avons travaillé ensemble pendant 1 mois pour produire cette œuvre monumentale. Ce fût un succès total. Techniquement ce n’est pas ma meilleure œuvre mais elle représente mes débuts et une belle expérience de travail d’équipe.

VM : Quels sont les outils que tu utilises?

LV : Je travail avec un exacto (ndlr. un cutter), des ciseaux et un fusil à colle. On peut faire de la magie avec très peu.

VM : Une vaste majorité de tes œuvres utilise le carton comme matière première : pourquoi ?

LV : La raison pour laquelle j’ai commencé à utiliser du carton c’était pour être capable de construire de très larges sculptures. Le carton est léger, gratuit et en quantité faramineuse partout autour du globe… De plus je récupère un matériau qui autrement ne servirait plus… C’est parfait !

VM : Tes créations représentent souvent des animaux, notamment des singes : Est-ce juste une série, ou y’a-t-il un message ? ?

LV : L’animal est un symbole à qui j’attribue des qualités humaines, faisant de lui l’emblème de nos comportements. Les singes sont les animaux les plus ressemblant à l’humain. Ils me permettent de faire un portrait encore plus précis de nos comportements sociaux. Je suis intéressée par notre attitude envers les nouvelles technologies, la malbouffe, le travail, l’amour…

© José Enrique Montes Hernandez

VM : Un conseil à donner à d’autres créatifs ?

LV : Travailler! Il faut beaucoup travailler pour être un artiste. Ce n’est pas du 8h à 5h du lundi au vendredi. Je ne me donne pas beaucoup de congés et je travaille jusqu’à m’endormir sur ma table. Je ne sais pas si les artistes établis doivent travailler autant mais pour commencer sa carrière, c’est le truc.

VM : Ton souvenir le plus marquant ?

LV : Je me rappelle bien de mon premier voyage à Miami. J’allais y produire une œuvre pour un pop up show dans le cadre de Art Basel. L’organisation était lamentable, ce voyage m’avait coûté une fortune et presque personne n’était venu à l’exposition. Je me rappelle tout de même mon euphorie lorsque j’y avais travaillé. J’ai rencontré pleins d’artistes des quatres coins du monde, je me suis planifié de nouvelles expos et résidences en Europe… et de toute façon j’étais si heureuse d’être à Miami entourée de tous ces gens que je ne voyais pas les mauvais côtés de mon expérience.

VM : Sur quel projet travailles tu présentement ?

LV : En ce moment, je planifie la création d’un gorille géant pour le zoo de Philadelphie. Je vais le construire à côté de l’habitat des gorilles. J’ai bien hâte.

VM : Tu as exposé au Canada, aux États-Unis, en France,… Quelle fut la meilleure expérience ?

LV : Je dois dire que j’adore exposer en Europe. Je me souviens bien de la première fois que je suis allée en Allemagne. La galerie qui me recevait était professionnelle et efficace, mais ils m’ont aussi offert un accueil chaleureux et m’ont traité comme une vieille amie. Les propriétaires de cette galerie m’ont ensuite invité à revenir exposer pour eux. La meilleure expérience qui soit.

VM : Ton artiste préféré ?

LV : Il y en a tellement ! J’aime William Kentridge, Anthony Gormley, Anish Kapoor, Ai Wei Wei, Andy Goldsworthy… et dans les auteurs il y a Art Spiegelmann et Georges Orwell pour ne nommer que ceux-là.

VM : Qui aimerais tu voir répondre aux mêmes questions ?

LV : Martin Witthfooth

VM : Quelle est la question que tu aurais aimé qu’on te pose?

LV : J’aurais aimé qu’on me demande avec quel artiste j’aimerais travailler en collaboration.

Ma réponse aurait été : Dans un monde fantaisiste ou la gravité est à peine perceptible, j’aurais aimé travailler avec Frank Gehry. Si je pouvais mélanger son style architectural avec mes animaux et produire le tout à l’échelle monumentale des bâtiments de Gehry, je crois que j’aurais atteint l’apothéose.

VM : Le mot de la fin ?

LV : TRAVAIL !

On remercie chaleureusement Laurence pour le temps qu’elle nous a accordé. On vous invite à la retrouver sur son site et Facebook.